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Ancêtres

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Mona Hopshire - Photo : Hannah Paton

Le spectacle participatif Ancêtres retrace les aventures qui ont fini par réunir nos aïeux depuis leurs diverses régions ou pays d’origine. Mêlant scènes du quotidien et aventures, le récit repose sur des figurines articulées, sculptées par les participants. Tenant à la fois de la poupée, de la marionnette et de la statuette, elles racontent l’exil, la résistance, l’amour et surtout matérialisent le lien mystérieux et invisible que chacun de nous entretient avec ses ancêtres.

Soutiens : Création soutenue par La DRAC île-de-France, l’Institut français et le théâtre de la Commune

Ancêtres, voorvaders, antepasados,
antenati, forefathers, الأجداد…

« L’énigme d’une vie ne peut vraiment être saisie qu’à travers l’imagination,
qui n’est pas moins fiable que la mémoire ».

André P. Brink - L’insecte missionnaire

Préalable
Depuis douze ans, Les Grandes Personnes s’intéressent très concrètement aux rapports entre générations. L’équipe intègre trois générations de créateurs et de fabricants, elle associe enfants et anciens à ses travaux et ses ateliers. Les spectacles Une Grande Famille joué au Burkina Faso ou le Giant Match en Afrique du Sud convient dans l’espace urbain plusieurs générations de marionnettes géantes, À la corde, et ses sculptures qui passent de main en main, traite de la transmission familiale. Et ces créations, très visuelles, sont destinées à tous les publics. Récemment, le travail en Afrique du Sud et à Aubervilliers a suscité au sein du collectif une réflexion sur la question des mémoires antagonistes.

Albert Dibashé’s story © Hannah Paton

Histoire, mémoire et communauté
Ancêtres est un projet participatif, une création collective qui veut emmener un groupe d’individus variés à réfléchir ensemble à ses origines et à son histoire. Ancêtres lie destin individuel et destin collectif, en réintroduisant l’individu dans l’histoire.
Il ne s’agit pas de prétendre que les conflits du passé sont dépassés, mais au contraire d’aborder posément les souvenirs antagonistes, d’élaborer non pas des rivalités mémorielles, mais un récit pluriel où la mémoire des conflits puisse s’exprimer, se résoudre dans l’art.
Ainsi, au sein de la compagnie des Grandes Personnes travaillent ensemble descendants des guerriers africains qui affrontèrent les colonisateurs et arrière-petits-enfants des soldats qui assiégèrent leurs villages, comme ailleurs en France cohabitent petits enfants des insurgés du FLN et petits-enfants des appelés français qui les combattirent durement.

Participants
Ce projet s’adresse principalement à des individus intéressés par la question de leurs origines et par l’histoire des générations qui les précèdent Il prendra toute sa dimension dans des régions où l’histoire des peuplements est complexe, qu’elle soit coloniale, post-coloniale ou migratoire. Il parlera aux populations qui, faute de se reconnaître dans la manière dont les livres racontent leur histoire, souhaiteraient se la réapproprier, l’imaginer ou la réinventer. On peut s’inventer des ancêtres, comme parfois l’on s’invente une famille.

Même les peuples oubliés ou disparus ont des descendants qui peuvent faire revivre leurs souvenirs. Ainsi, Fleur-Marie Fuentès, d’origine chilienne, impliquée dans le projet, s’est inventé un ancêtre selknam, cette population de Terre de feu, entièrement effacée de la carte…

L’intrication de voyages, de conquêtes, d’exils, de déracinements, d’enracinements, de langues, de traditions et d’oubli qui tisse l’histoire d’un simple quartier donne assurément matière à raconter et à créer. Les personnes âgées, qui aiment souvent se repencher sur leur histoire ou sur leur généalogie, ont une pierre importante à apporter à l ‘édifice.
Si des écrivains, artistes et techniciens confirmés soutiendront la création, plus le groupe sera varié dans ses origines, plus la construction promettra d’être intéressante.

Mona Hopshire © Hannah Paton


Résidence
Le spectacle est destiné à être créé à l’occasion de résidences d’environ quinze jours. Les participants, de différentes origines, sexes et professions travaillent ensemble dans un lieu calme, propice à la rencontre, à la création, qui soit à même d’accueillir le groupe et les ateliers.

Écriture
À travers un atelier d’écriture encadré, entre autres, par un écrivain, un plasticien, les participants sont invités à personnifier un de leurs ancêtres. Cet ancêtre peut être imaginaire ou réel, probablement les deux à la fois.
On invente le lien, une vraie filiation ou une relation, qui le relie à la statuette précédente et à la suivante. Chaque ancêtre incarne une époque et une génération, chaque ancêtre est lié à celui qui le précède et à celui qui le suit.

Sculpture
Grâce à un atelier de sculpture encadré par plusieurs plasticiens, sculpteurs et costumiers, chacun redonne vie à un ancêtre imaginaire, sous la forme d’une statuette à mécanisme.
Les expressions plastiques sont multiples, mais une règle du jeu fixe une unité des techniques et unité d’échelle.
Chaque étape de la construction se fait autour d’un atelier où l’on trouve les matériaux, les outils et surtout le soutien d’un artiste ou artisan d’expérience. Ainsi on aborde respectivement :
la recherche de sources d’iconographie et de documentations relatifs à l’ancêtre choisi, son époque, sa profession…,
le plan, le dessin, la maquette, quelle attitude, quel geste, quelle action, quel mécanisme ?
le support, le squelette, le mécanisme et les articulations,
le modelage du corps et du visage, la sculpture sur bois de certains éléments,
la création des yeux,
la peinture,
la confection des perruques,
la taille et la couture des costumes,
la confection des accessoires etc.

Ancêtres au Bourget - Suzane Brun

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Représentations
Lors de présentations au public, les participants présentent et manipulent les statuettes des ancêtres, soit seuls, soit à plusieurs. Chacun choisit la langue dans laquelle il présente « son » ancêtre, son récit est sous titré dans deux autres langues. Le groupe travaille avec l’aide d’un auteur et d’un metteur à scène à construire une dramaturgie simple, vivante et polyglotte.
Le spectateur peut ainsi voyager dans le temps à travers les récits croisés des « ancêtres », la succession de ces personnages qui dessinent petit à petit le destin commun d’une population.

Exposition et site internet
Les représentations peuvent être filmées, les étapes de la création et les sculptures achevées sont photographiées.
Après les représentations, « les ancêtres » continuent à vivre sous la forme d’une exposition qui peut voyager, facilement colisable et assez peu encombrante.
L’exposition présente les statuettes et les textes en regard, une vidéo du spectacle, des photographies des étapes de la création et des participants.

Un site internet peut permettre de voyager de façon intuitive dans cette « généalogie » imaginaire, de remonter les siècles d’un clique de souris, de s’arrêter sur tel ou tel ancêtre, d’en actionner virtuellement le mécanisme.
Le projet a déjà donné naissance à plusieurs résidences et « généalogies », ce dans différents pays.
Le travail, le site et l’exposition se trouvent ainsi progressivement enrichis par de nouvelles contributions, par de nouveaux « anciens », de nouveaux ancêtres

Ancêtres au Bourget, les Grandes Personnes

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Langues de travail, de représentation
La création réunit une équipe internationale et des traducteurs, elle se fait plusieurs langues, chacun étant libre d’imaginer et de raconter dans la langue de son choix. La représentation-restitution peut se faire elle même en plusieurs langues.

Religions et cultes aux ancêtres
Le titre du projet, le mot ancêtres peut prêter pour certains à confusion. Avec un très grand respect pour la coutume et les différentes pratiques religieuses, nous ferons attention à nous garder de toute confusion entre notre travail sur les aïeux et sur une généalogie imaginaire et des cultes traditionnels aux ancêtres.