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2016 - Ancêtres à Nanterre

Nanterre 2016 - Photo : Hannah Paton

Construit lors d’un atelier collaboratif au centre social Parc-en-Ciel, pour le festival Parade(s) 2016, Ancêtres à Nanterre, comme les versions antérieures, s’organisait sur un parcours suivant l’exode des Français de 1940, l’exil des Algériens fuyant la décennie noire, les séparations provoquées par l’éloignement. Il déplace le spectateur vers d’autres époques et d’autres lieux, la Normandie pendant l’Occupation, la Charente Maritime dans les années 1970, Bejaïa pendant la guerre d’Algérie, et le conduit à la rencontre du passé des autres, dans une progression qui alterne chagrin, angoisse et rire, et qui veut le mener de plus en plus profondément vers le mystère des origines si diverses et parfois conflictuelles qui constituent la France d’aujourd’hui. La route est à l’occasion matérialisée par une planche que des acteurs déplacent et qui constitue une scène mobile à l’intérieur du mouvement d’ensemble, une grand-mère traverse l’espace sur une tyrolienne etc.
Les statuettes d’ancêtres qui sont au centre de la plupart des scènes donnent une présence matérielle à ces aïeux et suscitent des interactions complexes. À aucun moment, elles ne sont utilisées comme des marionnettes que l’on ferait parler, mais elles permettent de matérialiser des rapports précieux et fragiles, avec un ancêtre chéri, ou avec un soi-même enfant ou plus jeune, envers lequel on peut montrer une tendresse rétrospective, mais réparatrice.
S’il repose sur un texte simple mais très écrit, s’il est porté tout au long par des acteurs professionnels, une autre caractéristique d’Ancêtres est d’intégrer au spectacle la présence réelle des participants aux ateliers, issus d’horizons très divers, qui parlent de leurs ancêtres aux spectateurs. La fragilité et l’authenticité de leur témoignage sont précieuses, et la mise en scène travaille aussi à leur construire un cadre sûr qui leur permette d’exprimer des blessures familiales parfois douloureuses. La complicité très perceptible qui les unit aux acteurs qui servent de médiateurs et d’interlocuteurs fait partie intégrante du spectacle.

The Guys - Photo Hannah Paton